» Point de presse du Ministre de la Communication et des médias du 17 février 2010 (RD Congo)

POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET DES MEDIAS (MERCREDI 17 FEVRIER 2010)

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais introduire cet entretien avec vous par une importante mise au point. En effet, depuis un peu plus d'une semaine, les médias, aussi bien chez nous qu'en dehors de nos frontières, n'ont pas cessé d'évoquer ce qui était présenté comme une décision prise par la Monuc de suspendre voire retirer son soutien à l'opération Amani Leo, initiée par le Haut Commandement Militaire congolais pour en finir avec les FDLR au Kivu à cause du maintien dans les effectifs des FARDC de trois officiers supérieurs dont les noms n'ont du reste été rendus publics par personne.

Trois remarques doivent être faites à ce sujet :

Première remarque : toutes les sources autorisées de la Monuc ont révélé que cette information est fausse. Le Ministre de la Défense ayant à ses côtés le Chef d'état-major général des FARDC a eu à clarifier les choses à cet égard il y a trois jours au cours d'une séance de travail avec les hauts responsables civils et militaires de la Monuc.
Un second démenti m'a été officiellement notifié hier par un officiel attitré de la mission qui avait accompagné en mon cabinet M. Kiyo Akasaka, Secrétaire général adjoint des Nations-Unies en charge de la Communication et de l'Information Publique.

Le constat a été fait en ces circonstances qu'un bon esprit de collaboration se mettait en place sur terrain entre la Monuc et les forces gouvernementales congolaises.

Il y a lieu de questionner les intentions de ceux qui sont à la base de cette véritable intoxication. Peut-être cherchaient-ils à semer la confusion entre le Gouvernement congolais et la Monuc. Nous sommes heureux de noter que le soutien au déploiement de nos unités régulières d'intervention dans le cadre de Amani Leo se déroule conformément aux engagements pris avec la Mission.

Deuxième remarque : l'argumentaire à l'appui de l'assertion faisant état de l'abandon des FARDC par la MONUC était tellement grossièrement ficelé qu'il ne pouvait bénéficier de la moindre crédibilité aux yeux de n'importe quel professionnel sérieux. Croire qu'une opération dont dépendent la vie et la sécurité des centaines de milliers de personnes et la paix pour tous les pays de la Région des Grands Lacs pouvait être sacrifiée pour une raison aussi banale (la présence de trois délinquants présumés dans un corps expéditionnaire) relève simplement d'une indigence de la pensée.

Troisième remarque : le silence et les approximations manifestes qui ont émaillé la chronique sur cette fausse querelle quant à l'identité des officiers-délinquants en question et les unités dont ils relèveraient laissent peu de doute sur l'intention flagrante d'induire l'opinion publique congolaise en erreur, voire de la dresser contre la Monuc.

L'on se souviendra des déplorables incidents survenus récemment à Dungu où une population exaspérée par les exactions et chauffée à blanc par des irresponsables s'en était prise à la MONUC qui avait essuyé de nombreux actes de vandalisme dans ses installations et son matériel. On aurait voulu voir une telle agitation se répéter à une plus grande échelle qu'on ne s'y prendrait pas autrement car les mêmes causes ne peuvent que produire les mêmes effets. Une agitation en réalité contre-nature et qui, selon les informations en notre possession, est loin d'être innocente car elle présente cette particularité de faire cibler par les Congolais une entité vouée à épauler leurs efforts de pacification.

De telles légendes affabulatoires auxquelles certains ont de plus en plus l'habitude de recourir sont dangereuses et doivent être traitées comme telles. Aussi, le Gouvernement a-t-il décidé de faire diligenter une enquête pour identifier les personnes physiques ou morales, congolaises ou étrangères auteurs de toutes ces élucubrations pour qu'elles en répondent.

Il nous a été très désagréable d'entendre une ONG internationale prétendument vouée à la défense des droits humains emboucher les trompettes de l'autosatisfaction pour se féliciter et féliciter la MONUC qui n'en pouvait mais, de cette fausse nouvelle de l'abandon du peuple congolais dans son épreuve.

Certes, la Monuc, sur base des dispositions de la Résolution 1906 du Conseil de Sécurité, avait déclaré au cours de son point de presse du mercredi 13 janvier que le soutien de sa force aux opérations militaires menées par les FARDC était subordonné au respect du droit international humanitaire, du droit international des droits de l'homme et du droit international des réfugiés. Cette déclaration a probablement donné des idées aux nostalgiques et aux inciviques auteurs des interprétations fantaisistes qui ont inondé la presse nationale et internationale. Pourtant, le porte-parole de la Mission onusienne avait précisé ce jour-là qu' " au cours d'une planification conjointe intensive, les commandements militaires des FARDC et de la Monuc ont convenu des mesures à mettre en place pour veiller à ce que ces conditions soient respectées ". Et de fait, il n'est nul besoin d'affirmer qu'à cet égard, il y a emphase entre la perception des Nations-Unies (Monuc) et le Gouvernement de la République et ses Forces armées. Le Président de la République, Commandant suprême des FARDC a mis en mouvement opérationnel ces dernières à l'Est dans l'unique but d'éradiquer le terrorisme et le banditisme qui étranglent les provinces septentrionales de notre pays et d'y ramener la paix, la sécurité et l'Etat de droit.

L'opération Tolérance Zéro mise en œuvre par le Chef de l'Etat n'est pas une simple figure de style et nos partenaires en sont conscients.
En effet, à ce jour, partout où sont déployées les troupes FARDC, la Justice Militaire se trouve dûment représentée. Elle s'efforce, dans des conditions parfois difficiles, de réprimer systématiquement les délits qui lui sont rapportés dans le chef des membres de l'armée en campagne et particulièrement les violations des droits de l'homme. Aucune catégorie des militaires ne fait l'objet d'un traitement de complaisance. Face à la justice, officiers généraux, officiers supérieurs, subalternes ou recrues sont logés à la même enseigne.

Ainsi, le Conseil de guerre opérationnel du Nord-Kivu, siégeant en chambre foraine à Rutshuru-centre (à ± 70 Km au Nord-Est de Goma), a condamné le vendredi 12 février dernier trois militaires à la peine capitale pour tortures, violations des consignes, arrestations arbitraires et dissipation de munitions.

Dans une autre procédure en cours contre huit militaires dans le Nord-Kivu, le Ministère public vient de requérir la peine de mort à l'encontre de six autres officiers et sous-officiers des FARDC poursuivis pour des faits similaires. Entre temps, le procès à huis clos contre un Sous-lieutenant accusé de viol d'une jeune adolescente de 16 ans, vient de débuter et se poursuit.
Après Rutshuru-Centre, une série d'autres audiences du Conseil de guerre opérationnel sont prévues en territoire de Beni.

Quant aux éléments du bataillon déployé dans le Sud-Oubangui et qui a mis en déroute les nettoyeurs ethniques de la bande à Ondjani, l'un d'entre eux s'étant rendu coupable de viol à Bozene a été immédiatement arrêté et comparaît devant la Justice Militaire à Gemena.

Tout cela indique que la Justice militaire congolaise s'exerce dans la stricte ligne du mot d'ordre de Tolérance-zéro.

Il n'est pas exclu pour nous que les auteurs de cette fausse information aient intérêt à ce que les Fdlr et autres groupes armés résiduels continuent d'écumer des territoires de notre pays comme Kisembe, dans le groupement de Mulombozi (territoire de Mwenga au Sud-Kivu) où ces terroristes rwandais ont froidement abattu sept femmes le jeudi 11 février dernier, et emporté huit survivantes dans la forêt. Dans ces circonstances, tout acte consistant à distraire les FARDC et la MONUC qui leur apporte appui de la traque de ces assassins doit être considéré comme criminel.

La sécurité à l'Est de la RDC a connu des avancées significatives depuis les opérations Kimia I et II ainsi que Rudia I et II. Mais il y a encore des défis à relever. La pseudo déclaration de la Monuc montre que la presse peut, volontairement ou inconsciemment jouer un rôle négatif par rapport aux efforts nécessaires pour pacifier le pays. Mais, je voudrais surtout souligner le rôle combien positif que la presse peut également jouer quant à ce, et c'est à cela que je voudrais vous inviter.

Sur les autres points d'actualité, je tiens à réitérer encore et toujours l'appel adressé par le Gouvernement à nos compatriotes de Dongo et environs réfugiés au Congo-Brazzaville ou déplacés à l'intérieur de la province de l'Equateur pour qu'ils regagnent leurs villages, désormais sécurisés.

En effet, les succès des FARDC contre la bande à Ondjani se sont confirmés. Il faut que les gens rentrent dans leurs villages pour se reconstruire. Le Gouvernement et tous ses partenaires sont décidés à leur apporter leur appui.

C'est le lieu de porter à la connaissance de l'opinion nationale une initiative majeure prise par le Chef de l'Etat et le Gouvernement de la République dans l'organisation des Forces armées. Il s'agit du projet consistant à faire participer très activement les FARDC à la reconstruction des zones perturbées de l'Est et du Nord du pays. Des moyens conséquents ont été mis par le Gouvernement à la disposition du Génie Militaire pour des projets de reconstruction d'infrastructures et d'équipements collectifs dans les provinces du Sud-Kivu, Nord-Kivu, les districts des Uélés et de l'Ituri en Province Orientale et le Territoire de Kungu dans l'Equateur qui on en commun d'avoir été touchés par des conflits et des troubles.

Une autre bonne nouvelle est celle qui concerne l'accord entre la RD Congo et le Rwanda sous les auspices du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés aux termes duquel 53.000 Congolais réfugiés au Rwanda seront rapatriés en RD Congo et 89.000 Rwandais réfugiés en RDC seront rapatriés au Rwanda. C'est une des illustrations les plus significatives du niveau de maturation atteint par les relations de bon voisinage qui sont en train de se restaurer lentement mais sûrement entre les deux pays et, d'une manière générale, dans la région des Grands Lacs.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce dont je voulais vous entretenir aujourd'hui. Si d'autres aspects nécessitent quelques éclaircissements supplémentaires, je vous serais reconnaissant de le relever à travers vos questions auxquelles je m'efforcerai de répondre.

Je vous remercie.

Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et des Médias, Porte-Parole du Gouvernement