» UNE MASCARADE SIGNEE KAGAME - Les factions du M23 ne se sont jamais affrontées

UNE MASCARADE SIGNEE KAGAME - A Kibumba, les factions du M23 ne se sont jamais affrontées

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Sultani Makenga - Bosco Ntaganda : fusibles de Kagame

MAXIMUM n° 075 du vendredi 22 mars 2013

AfroAmerica Network, un media en ligne, renseigne dans sa livraison du 17 mars 2013, que selon ses sources à Kibumba dans les environs de Goma et à Gisenyi au Rwanda, les combats largement médiatisés entre factions de M23 des " généraux " Sultani Makenga et Bosco Ntaganda à la fin de la semaine pourraient n'avoir pas eu lieu pour de vrai. " Les combats n'ont tout simplement jamais eu lieu et nous n'avons pas fui. Les Rwandais nous ont juste intimé l'ordre de traverser la frontière et d'entrer chez eux. C'est une tromperie ", a révélé un commandant des forces régulières rwandaises qui avait été envoyé en RD Congo pour soutenir les rebelles de M23.

Cette version étonnante des faits a été confirmée à AfroAmerica Network par d'autres sources dans la faction " rivale " de Ruzandisa alias Sultani Makenga, le supposé vainqueur de la guerre dans la guerre. Des combattants qui ont quitté les milices du général Bosco Ntaganda sont allés rejoindre sans problème les éléments Congolais et Rwandais du camp de Sultani Makenga, basés près de postes occupés récemment par la faction de Ntaganda. " Auparavant, le commandant pour la région des Rwanda Defense Forces (RDF), le général Emmanuel Ruvusha, qui a été notre vrai commandant opérationnel (voir notre article précédent " comment les RDF ont conquis Goma et laissé le M23 revendiquer leur prise le 25 novembre 2012 ") avait tenu une réunion avec nos commandants d'unités et leur a dit que le Président rwandais, Paul Kagame, et son ministre de la défense, le général Kabarebe, avaient ordonné à toutes les troupes RDF envoyées pour soutenir le M23 de rentrer au Rwanda. Ceux qui n'avaient pas été intégrés dans les FARDC avaient le choix entre rejoindre Makenga et rentrer au Rwanda comme réfugiés. Plus de 600 hommes, dont moi, avions pris la décision de rejoindre Makenga et le reste a suivi les RDF au Rwanda ", témoigne un autre commandant, qui a rejoint le général Makenga.

Interrogé sur les plus de 200 morts (159 victimes chez Ntaganda et 50 du côté du général Makenga) annoncés par le gouvernement et des médias au rwandais, il a déclaré n'avoir pas vu de mort à Kibumba. " Comment pouvez-vous avoir des morts et des blessés sans combats ? En admettant qu'il y ait eu des combats, pour arriver à un tel chiffre, il faut qu'ils aient été d'une grande échelle avec des traces difficiles à dissimuler. C'est absurde. Ces combats dont on a tant parlé sont un subterfuge, je ne sais pourquoi ", révèle-t-il.

AfroAmerica Network a pu également contacter des civils congolais de Kibumba, qui rentraient chez eux après quelques jours passés à se cacher dans les forêts ou à la frontière avec le Rwanda. " Nous nous étions enfuis dès que les tirs ont commencé à se faire entendre. Lorsque la canonnade s'est arrêtée et qu'on a vu tout le monde entrer au Rwanda, nous sommes revenus ", disent-ils.

Les tirs à l'arme lourde qui ont tellement impressionné aux alentours ne furent-ils qu'un gros canular ? La question mérite d'être posée. AfroAmerica Network a recoupé les faits auprès de plusieurs militaires et civils impliqués dans les événements de Kibumba. " C'était tout un spectacle. Le général Ruvusha nous a demandé de tirer en l'air avec nos armes lourdes et légères pour bien ancrer chez les civils congolais et les gens de la MONUSCO l'impression que nous avions été attaqués. Ce qui permettait de justifier les mouvements des troupes et l'accueil au Rwanda du Pasteur Runiga et son équipe ", estime un officier mutin.

De nombreux autres témoins basés dans l'Est de la RD Congo affirment eux aussi qu'il n'y aurait pas eu de combats entre les deux factions rebelles du M23. " Nous occupons maintenant des positions abandonnées par les rebelles de M23 quand ils sont retournés au Rwanda. Nous observons ces positions parce qu'ils étaient adjacentes aux nôtres, à proximité du Parc National des Virunga. Nous pouvons confirmer qu'il n'y a eu aucune attaque de la faction du général Makenga, aucun combat, aucune victime " indique un officier subalterne pour qui toute cette affaire reste " un mystère que seuls les grands chefs maîtrisent ".

Interrogé le 17 mars sur le sort du général Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, toutes les sources ont indiqué qu'elles ne pouvaient pas savoir où il était actuellement, mais elles étaient sûres " presque à 100% " qu'il avait traversé la frontière ailleurs que par Gisenyi et qu'il se trouvait au Rwanda sous bonne protection.

Les informations faisant état de négociations entre Ntaganda et les FDLR-FOCA pour " acheter " un droit de passage par la forêt-sanctuaire de ces rebelles rwandais vers Gatoyi et Walikale est aussi confirmée, mais il s'agissait, là encore, d'un stratagème monté de toutes pièces par les stratèges des services rwandais : les négociations, encouragées par Kigali, eurent effectivement lieu. Toutefois, l'intention véritable des tireurs de ficelles de Kigali était de laisser croire que le général Ntaganda s'était bien enfui vers Gatoyi alors qu'il devait entrer au Rwanda où une élimination en douce avec disparition du corps du personnage embarrassant était à l'ordre du jour. Exit le témoin gênant avec, cerise sur le gâteau, des ennuis en perspective pour le régime Kabila qui aurait été sommé jusqu'à la fin des temps de livrer le criminel à la CPI. D'une pierre deux coups...

En tout état de cause, l'ex-numéro 1 du M23, Runiga, et ses alliés Bosco Ntaganda, Innocent Zimulinda, Baudouin Ngaruye, Innocent Kaina, Séraphin Mirindi et autres, étaient devenus un grave souci pour les Rwandais. Ils ne sont pas des sujets rwandais et certains sont sous le coup des sanctions des Nations Unies. La pression de la communauté internationale allait aller crescendo sur le Président Kagame qui a imaginé cette mascarade pour envoyer un signal de sa prétendue bonne volonté en retirant du jeu le " mauvais " Ntaganda et ses affidés, en recevant les autres comme réfugiés après des combats, car leur refuser l'entrée au Rwanda les aurait condamnés à une mort certaine (le contraire aurait été un acte d'inhumanité), l'homme fort de Kigali se pose une fois de plus en pompier occupé à éteindre un feu qu'il a allumé. Après quelques froncements de sourcils, ses puissants lobbyistes s'activeront à arrondir les angles et la Communauté internationale ne demandera qu'à fermer les yeux avec le temps. Sacré Kagame !

(Maximum n° 075 du vendredi 22 mars 2013)